Isabel Turuy Patzan a 32 ans, il est originaire de la communauté El Pilar II, municipalité de San Juan Sacatepéquez, située à une trentaine de kilomètres de Guatemala City. Floriculteur, ce père de 4 enfants a été élu maire communautaire d’El Pilar II en 2009.

2009, c’est aussi l’année où Isabel Turuy Patzan a rejoint la lutte des douze communautés de San Juan Sacatepéquez contre le projet de construction d’une usine de ciment sur leurs terres ancestrales par l’entreprise guatémaltèque CEMPRO. Isabel est aujourd’hui porte-parole de ces communautés. Le conflit dure depuis 2006, date à laquelle l’entreprise a décidé, sans consultation préalable des communautés, l’ouverture d’une carrière et la construction d’une usine de ciment et d’une route, sur les terres de San Juan Sacatepéquez.

Depuis lors, les douze communautés, en majorité mayas kaqchikeles, dénoncent l’absence de consultation préalable et de consentement libre et éclairé des populations affectées par le projet, une atteinte à leurs droits économiques, sociaux et culturels, ainsi qu’à leurs droits collectifs en tant que peuple indigène. La construction d’un tel mégaprojet sur les terres des communautés constitue en effet une atteinte à la cosmovision maya, antagonique de la conception du développement entretenue par l’Etat guatémaltèque et les investisseurs nationaux et internationaux. Cet ouvrage, qui occupe 2 000 hectares de terres indigènes, compromet les moyens de subsistance des populations locales qui vivent du travail du bois, de l’agriculture et de la culture des fleurs. Par ailleurs, la criminalisation (capture de leaders, arrestations arbitraires, assassinats sélectifs…) et la violence policière dont ces communautés ont fait –et font encore- l’objet constituent également une violation de leurs droits civils et politiques.

Encore aujourd’hui victimes de menaces et persécutions en raison de leur affirmation des droits de l’Homme, certains membres des douze communautés en résistance sont accompagnés par PBI depuis 2009. Cette présence consiste en un accompagnement protecteur et des activités de plaidoyer avec les autorités nationales et les acteurs de la communauté internationale. PBI s’inquiète tout particulièrement des tendances actuelles de la criminalisation de la protestation sociale au Guatemala, dont sont victimes les douze communautés de San Juan Sacatepéquez : manque d’accès à l’information et aux casiers judiciaires des personnes accusées, détentions arbitraires, prolongation excessive des procès pénaux, laissant les défenseur.e.s accusés dans un flou juridique impactant leur vie privée et professionnelle.   

Isabel Turuy Patzan se rend à Bruxelles à l’invitation de l’Union européenne pour participer au forum annuel de l’Instrument européen sur la démocratie et les droits de l’Homme, qui réunit plusieurs défenseur.e.s du monde entier.

Il sera à Paris du 15 au 18 mai pour chercher un appui politique de la part des responsables français ainsi que du secteur associatif, fondamental pour la poursuite de la lutte des douze communautés de San Juan Sacatepéquez et pour son engagement pour les droits humains. 
 


Retrouvez un article (en espagnol) sur la criminalisation de la protestation sociale dans le dernier bulletin de PBI Guatemala. 

Relisez le rapport de PBI Guatemala publié en 2012 (en espagnol), Inversiones economicas y derechos humanos : aprendizajes de un conflicto. El caso de las comunidadesb maya kaqchikeles de San Juan Sacatepéquez.