L’intervention civile de paix (ICP) : la résolution non-violente des conflits 

Cette recherche de la paix sociale et civile est au centre de l’activité d’accompagnement : c’est une intervention basée sur les principes de la non-violence. L’ICP est une stratégie qui cherche, par des moyens pacifiques et non-violents – l’observation, l’information, la médiation, et l’accompagnement physique - à prévenir ou à faire cesser les violences, à veiller au respect des droits humains, à promouvoir les valeurs démocratiques et la participation citoyenne, et à trouver des solutions durables aux conflits. L’objectif général de cette stratégie est, à terme, de permettre la pérennité d’une coexistence pacifique entre des groupes qui pouvaient être antagonistes pour de multiples raisons (politiques, religieuses, économiques, ethniques, etc.) et ainsi de garantir les droits fondamentaux des individus.

L’accompagnement protecteur consiste en une présence internationale auprès de personnes, groupes de personnes ou organisations civiles travaillant en faveur des droits humains et de la constitution d’un État de droit dans leur pays, et étant potentiellement ou effectivement l’objet d’actes d’intimidation (menaces, kidnappings, tentatives d’assassinat, etc.). Cette présence doit permettre de diminuer le niveau de violences dont elles sont l’objet, de faire reconnaître comme légitime leur travail aux niveaux national et international, et ainsi leur offrir un espace de liberté relative dans l’accomplissement de leurs activités.

L’accompagnement repose sur les principes d’action suivants :

- Il répond toujours à une demande formulée par la personne ou le groupe menacé.

- Il s’inscrit dans le cadre de la légalité du pays, et auprès d’acteurs civils non violents.

- Il répond au principe d’impartialité : les accompagnatrices et accompgnateurs sont des actrices et acteurs non partisans, indépendants et objectifs dans leur analyse des faits recensés. L’impartialité renvoie au mandat moral de la présence, basé sur la seule défense des droits humains, et la dénonciation en cas de violations, et à un positionnement stratégique afin d'être respecté par toutes les parties du conflit.

- Il répond au principe de la non-ingérence, c'est-à-dire de non participation aux activités menées par les organisations locales de défense des droits humains.

- Les accompagnatrices et accompagnateurs jouent le rôle de témoins privilégiés de possibles violations, et peuvent être à ce titre considérés comme « les yeux et les oreilles » de la communauté internationale.

Fort de ces principes, l’accompagnement protecteur travaille à :

- Dissuader les violations des droits humains.

 - Analyser en profondeur et de manière objective, c’est-à-dire caractériser le contexte dans lequel les violations interviennent.

 - Si la dissuasion n’est pas suffisante, et que des violations se produisent, relayer auprès des acteurs compétents (autorités locales ou internationales, médias, ONG, sociétés civiles) les actes de violence constatés : selon le contexte et le degré de violence relevé, les mesures de réaction sont adaptées : rédaction et diffusion d’actions urgentes, rencontre avec les ambassades et les autorités locales concernées, etc.

 - Apporter un soutien moral important aux défenseur.e.s des droits humains qui subissent des pressions fortes et vivent pour certaines et certains dans la peur. Pour les victimes de violations des droits humains, une présence internationale est source d’espoir, leur signifiant qu’elles ne sont pas seules et que leur souffrance aura une résonance internationale. Elle est également source de légitimation de leur travail auprès des autorités locales, nationales et internationales.

Comment fonctionne la dissuasion ?

L’accompagnement incarne les préoccupations internationales pour les droits humains, un signe clair et visible rappelant aux agresseur.e.s que leurs actions auront des répercutions aux niveaux national et international. Il suppose qu’il y aura une réaction internationale aux agressions dont les volontaires auront été les témoins. Une telle réaction fait implicitement planer la menace de pressions diplomatiques et économiques, que les promotrices et promoteurs de la violence préfèrent éviter, afin de ne pas se voir appelés à rendre des comptes devant la communauté internationale. La présence d'observatrices et observateurs internationaux pouvant témoigner et informer la communauté internationale de violations des droits humains accroît donc le coût politique d’une agression et réduit ainsi la marge d’action des agresseur.e.s. L’accompagnement vise de ce fait à augmenter le plus possible ce coût politique en stimulant la réaction et pression internationale.

Selon le modèle traditionnel d’action en faveur de la promotion des droits humains, la pression est généralement exercée sur le haut de la chaîne de commandement. Cependant, les violations systématiques des droits humains rendent nécessaire de faire pression à tous les niveaux de cette chaîne : local, national et international. L’approche de PBI cherche ainsi à influencer chaque échelon de la chaîne des responsables de la protection des droits humains, et peut se décliner en plusieurs points :

- L’accompagnement est clairement visible pour les agresseur.e.s potentiels.

- PBI, avec son réseau international, peut garantir l’exercice de la pression internationale à tous les niveaux de la chaîne de commandement en se réunissant régulièrement avec les autorités, tant civiles que militaires, locales qu'internationales, afin d’exprimer ses préoccupations relatives aux droits humains et d’augmenter sa propre visibilité et celle des organisations accompagnées.

- Le réseau d’appui de PBI est mis en alerte lorsqu’une attaque ou agression se produit malgré la présence de PBI. Le réseau d’appui va dès lors à son tour exercer une pression sur les décideurs du pays dans lequel s’est produit l’incident afin de leur rappeler leur responsabilité de protéger leurs propres citoyennes et citoyens et les engagements internationaux qu’ils ont l’obligation de respecter.

- Le témoignage de première main renforce la crédibilité des défenseur.e.s des droits humains, leurs organisations ainsi que l’effort global mis en œuvre afin de les protéger. Cela sert également à informer régulièrement des différents abus des droits humains commis, rendant plus difficile la tâche des États prétendant qu’ils font le nécessaire afin de résoudre le problème.

- La présence de volontaires internationaux permet de responsabiliser et sensibiliser leurs ambassades et leurs gouvernements afin de protéger les droits humains, renforçant ainsi la pression internationale.

- Fournir des informations objectives, exactes, de première main, fondées sur notre grande connaissance du terrain et de la situation politique contribue à renforcer notre crédibilité, et par conséquent l’efficacité de la protection que l’on garantit.

- Organiser des activités telles que des visites de défenseur.e.s des droits humains, des expositions et autres événements, élève le profil de notre travail et celui des organisations accompagnées, ce qui assure une protection plus forte et meilleure.

Pour en savoir plus sur l'Intervention civile de paix, rendez-vous sur la page du Comité pour une Intervention civile de Paix, dont PBI est membre : http://www.interventioncivile.org/

Le certificat d'Intervention civile de paix 

Depuis 2018, l’Institut catholique de Paris propose, en collaboration avec Nonviolent Peace Force et le Comité Français pour une Intervention civile de Paix un Certificat d'Intervention civile de paix qui permet d'acquérir les compétences clés de la protection civile non-armée. Dès septembre 2018, les personnes intéressées pourront suivre un module de formation en ligne sur deux semaines, puis une formation intensive en présentiel pendant 4 jours.