Depuis début 2020, Les Brigades de Paix Internationales ont ouvert un nouveau projet en Amérique latine, le Projet PBI Nicaragua avec un siège au Costa Rica, qui cherche à accompagner des nicaraguayen-ne-s en exil. Après la crise sociale d’avril 2018, plus de 100 000 nicaraguayens se sont exilés, et le Costa Rica a reçu à lui seul 77 000 d’entre eux sous le statut de demandeurs d’asile.

La situation d’exile implique non seulement un adieu au territoire et un renoncement à des projets personnels et collectifs, mais aussi une restructuration et une reconstruction d’un projet qui permette aux personnes d’exercer librement leurs droits. Vivre à distance les différentes périodes des êtres chers, du pays, de la politique, de la culture, de la religion, des habitudes, et la construction de zéro d’une communauté, depuis l’exil.

Le projet PBI Nicaragua depuis le Costa Rica accompagne le mouvement paysan, les femmes et les jeunes exilés au Costa Rica à travers des ateliers qui ont pour but de : répondre aux impacts psychosociaux de l’exil, apporter des stratégies de protection, apprendre à prendre soin de soi, et favoriser le renfort organisationnel. Notre travail est marqué par notre approche de construction de la paix et notre perspective psychosociale et de genre.

Chaque espace de travail implique le tissage et le renforcement des réseaux internes et externes de chaque groupe, un travail sur les processus personnels et sur la signification des épisodes vécus et latents en exil. Regarder le chemin parcouru entre le Nicaragua et le Costa Rica est une épreuve difficile, les bagages matériels et émotionnels sont divers et en même temps complémentaires. Malgré les blessures physiques et émotionnelles, il reste des forces et surtout de l’espoir pour ces personnes, espoir que le Nicaragua puisse les accueillir de nouveau et leur donner la jouissance de leurs droits de citoyen-ne-s.

Peu de temps après la mise en œuvre du projet, nous sommes témoins de la construction et d’un renforcement du lien social, renforcement dû à la nécessité de défendre et d’exercer leurs droits tant pour leurs compatriotes restés au Nicaragua que pour ceux qui luttent depuis l’exil.

Aujourd’hui, la crise du COVID-19 représente une nouvelle menace contre la vie de ces personnes en exil. La menace concerne à la fois leur situation sanitaire, mais aussi leur condition de vulnérabilité. Les stratégies de défense de la vie sont toujours le centre de l’articulation des réseaux, la somme des efforts et une réponse collective avec des organisations alliées et des initiatives citoyennes.

Le projet, tout comme PBI dans son ensemble, continue d’accompagner les défenseur-e-s de droits humains, en utilisant tous les outils possibles de communication sécurisés, qui permette d’être en contact avec les Nicaraguayen-ne-s exilé-e-s, de façon individuelle ou collective. Notre engagement est quotidien, avec notre présence physique, mais aussi une réinvention de nos pratiques pour répondre au nouveau scénario, avec le recours au numérique.

Tous les espaces proposés génèrent la construction et la déconstruction des apprentissages, en cherchant à unir les intérêts des personnes qui défendent les droits humains, de celles et ceux chez qui nous percevons si souvent ce rêve d’un “Nicaragua libre”.

 

Nos espaces :

Les contenus développés jusqu’à présent se sont focalisés sur le renforcement organisationnel et psychosocial. La méthodologie consiste à travailler depuis l’expérience vécue par chaque participant, au niveau collectif et individuel. Nous nous basons sur ces savoirs, consolidés en connaissances, qui permettent ensuite d’analyser les émotions vécues lors de l’exil et de se projeter vers le futur. Nous recherchons également à toujours encrer notre travail dans une analyse du contexte et du risque, afin de générer des stratégies de protection face à la violence socio-politique vécue au Nicaragua. Nous fortifions les réseaux, le lien social, en comptant sur le fait que la possibilité de réparation et de guérison passe aussi par la multiplicité des réseaux des personnes et des communautés, ainsi que par le renforcement interne à chaque organisation qui a été victime de tentatives de fragmentation et d’affaiblissement. Nous adoptons une approche critique et réaliste, basée sur les besoins inhérents au contexte particulier des populations que nous accompagnons.