A quelques jours de leur départ pour le Honduras, PBI France s'est entretenu avec Manon Muti et Sylvain Mignot, deux futurs volontaires français pour le nouveau projet de PBI au Honduras.

Comment avez-vous connu PBI?

Sylvain: J’ai connu PBI par Manon, qui avais déjà lu des informations. Et en 2012, connaissant un peu cette ONG, on a vu une offre de PBI Colombie et j’ai postulé au poste de fundraiser, où j’ai été recruté. Je me suis retrouvé en Colombie d’avril 2012 à octobre 2013. J’y ai découvert un peu le travail de terrain, à travers le prisme du travail administratif. Mais je dois avouer que je me voyais carrément sur le terrain! De temps en temps, face à une situation d’urgence sur le terrain, les équipes avaient parfois un peu de mal à répondre et avaient alors besoin d’une personne supplémentaire. Ca m'est arrivé le week-end ou même le soir, de partir sur le terrain et c’est comme ça que j’ai connu toutes les équipes de terrain. De fait, j’ai connu les différentes phases de l'accompagnement, j’ai pu voir la préparation, les appels aux autorités, et puis les accompagnements directement.

Manon: Moi j’ai connu PBI par deux ex volontaires (une au Mexique et une en Colombie), et en fouillant un peu sur le site internet j’ai commencé à m’intéresser à l’ONG. J’étais trop jeune à l’époque pour candidater. Mais l’envie de postuler comme volontaire ne m’a jamais quittée. En arrivant en Colombie, j’ai beaucoup côtoyé les volontaires de PBI Colombie. J’ai vraiment découvert ce qu’était leur travail au quotidien et j’ai trouvé ça passionnant, et beaucoup plus complet que ce que j’avais pu voir sur le papier. Je me suis alors dit que j’avais vraiment envie de faire ça, de tenter l’expérience, l’aventure. La protection internationale, c’est quelque chose que moi je ne connaissais pas du tout ; c’est un monde qui s’est un peu ouvert à moi, et cette démarche de protection et d’accompagnement des défenseurs des droits de l’Homme est vraiment passionnante et beaucoup plus complète que ce que l’on connaît ici depuis la France.

Pourquoi avoir choisi le Honduras? Qu'est-ce qui a motivé votre choix pour ce pays?

Sylvain: Avant de connaître PBI, j’ai travaillé au Honduras en 2010. Je suis arrivé un petit moins d’un an après le coup d’Etat. En arrivant, j'ai tout de suite senti l’atmosphère de répression et d’insécurité qu’il peut y avoir là-bas. Je travaillais pour les Nations unies et je bossais directement dans une zone sur la Côte Pacifique, et même si je travaillais sur les risques naturels, le thème des droits de l’Homme est arrivé naturellement. En habitant à Tegucigalpa, on ressent vraiment la répression des gens dans les mouvements sociaux, des journalistes, des avocats, dans les milieux LGBTI aussi. A l’époque, je ne connaissais pas d’ONG d’accompagnement qui travaille sur place. A mon arrivée à PBI Colombie, j’ai entendu parler de la mission exploratoire de PBI au Honduras et je m’y suis tout de suite intéressé. J’avais accès à toute la documentation interne là-dessus. J’ai toujours suivi ça d’assez près. Et au moment de quitter PBI Colombie, j’étais déjà sur les rails pour postuler au Honduras.

Manon: J’ai fait un master en coopération internationale et développement. Je suis plutôt spécialisée sur tout ce qui est études de genre et droits des femmes. J’ai connu PBI en Colombie, où je travaillais comme fundraiser au sein de l'ONG SISMA Mujer, et j’ai voulu pouvoir poursuivre dans les droits de l’Homme mais d’un autre point de vue, c’est-à-dire en n'étant pas dans les organisations locales, mais du point de vue de l’observation et de l’accompagnement international. Le Honduras, je connaissais très peu. C’est un pays qui est méconnu de la plupart des gens, un peu comme toute la région d’Amérique centrale. Cela m'a attirée car c’est un projet nouveau, et c’est un peu un challenge. C’est l’idée qu’on va aider à installer un nouveau projet, dans un pays où le contexte socio-politique est très instable. Il y a eu un coup d’Etat il y a cinq ans, aujourd’hui il y a de graves attaques contre les défenseurs des droits de l’Homme. Cette équipe est toute nouvelle, tout est à faire : se faire connaître de la communauté internationale, connaître les organisations sociales, voir ce que l’on peut construire ensemble.

A quelques jours du départ, avez-vous déjà une idée précise de ce qui vous attend une fois sur le terrain?

Sylvain: On sait qu’en arrivant au Honduras, on a deux semaines de formation qui nous attendent. Tegucigalpa, moi je connais directement pour y avoir vécu, mais en plus on y est passés au mois de mai dernier lors d’un voyage itinérant. On connaît déjà la maison, on connaît les volontaires aussi. Après concrètement, le travail de terrain, on va le découvrir en arrivant là-bas. Je pense que l'on arrive dans une phase où il va y avoir pas mal de demandes d’accompagnement, il va falloir les étudier, les sélectionner, voir où ce sera le plus efficace d’appliquer les ressources d’accompagnement de PBI. C'est aussi le moment d'asseoir la place et la réputation de l’organisation, avec une équipe qui va grandir assez vite dans les prochains mois.

Manon: On a suivi une semaine de formation aux alentours de Milan, en Italie, en juin dernier, où on nous a expliqué la structure de PBI international, la structure du projet, les accompagnements... Pour le moment, l'équipe accompagne une journaliste -Dina Meza- et une organisation sociale locale -le CEPRODHEC. L’idée c’est d’étendre petit à petit le travail d’accompagnement. Pour le moment, les volontaires font surtout un travail quotidien informatif, d’analyse des droits de l’Homme dans le pays, vont rendre visite dans les bureaux des défenseurs et des organisations, et accompagnent des défenseurs dans leurs déplacements stratégiques sur le terrain. Après, il y a tout le travail de plaidoyer, avec les autorités locales, nationales et internationales, pour faire connaître la situation des droits de l’Homme et de ces organisations-là aux autorités et puis en même temps faire connaître le travail de PBI, donner à connaître le nom de l’ONG, notre travail, pour installer une certaine dissuasion et faire que notre travail marche là-bas. L’idée du projet, c’est également de développer tout le côté formation aux organisations accompagnées, c’est-à-dire formation sur la protection, la sécurité informatique, protection physique, émotionnelle, psychosociale, et ça c’est un travail très intéressant et très important pour compléter le travail d’accompagnement physique et politique.

 

Manon et Sylvain intégreront le projet Honduras à partir du 15 septembre 2014, et rejoindront une équipe de volontaires de différents horizons professionnels et de différentes nationalités: chilienne, hollandaise, anglaise, allemande et espagnole. Nous leur souhaitons un bon voyage et surtout, une bonne mission!