Du 18 au 21 juin 2019, nous aurons le plaisir de recevoir Catherine Wangui, défenseure des droits humains kenyane. Féministe, ambassadrice pour la paix, mentor pour les filles et les jeunes femmes, elle est également une membre engagée de la boite à outils pour femmes défenseures des droits humains initiée par PBI Kenya.

Photo prise lors de la conférence "Lutter contre les violences de genre, perspectives croisées France-Kenya" le 18 juin 2019 à Paris

Les évènements qui se sont déroulés durant la présidentielle 2017, entrainant conflits ethniques et répressions des droits et libertés par les forces de l’ordre, ont fait connaitre au Kenya un recul sans précédent des droits humains. Si la réconciliation des deux candidats, Raila Odinga et Uhuru Kenyatta, après l’annulation puis le boycott des élections, à permis au pays de retrouver une stabilité politique et sociale, plusieurs organisations ont mis en lumière une tendance croissante au rétrécissement de l’espace civique s’incarnant par des restrictions administratives (exigences lourdes en matière d’enregistrement, difficultés d’obtention de permis de travail, sanctions disproportionnées en cas de non-respect des réglementations établies), la censure et la répression des organisations de la société civile et la réduction des espaces démocratiques. Cette réduction des droits humains et des libertés ainsi que l’augmentation des brutalités policières sont particulièrement visibles dans les zones urbaines pauvres, en particulier à Nairobi, profondément marquées par les exécutions extrajudiciaires de jeunes. En 2019, la  normalisation des exécutions extrajudiciaires se poursuit.

PBI Kenya : Quelle action ?
C’est dans ce contexte que PBI Kenya, intervient depuis 2015 sur requête d’acteurs locaux. En plus de son accompagnement intégral des défenseur.e.s des droits humains, PBI a lancé un programme en avril 2018 pour documenter et poursuivre les exécutions extrajudiciaires dans les quartiers informels de Nairobi. PBI met en oeuvre ce projet dans le cadre d’un consortium avec Saferworld et deux organisations locales. PBI Kenya développe aussi un autre projet, lancé avec succès en 2017 : la boite à outils pour promouvoir la protection des femmes défenseures des
droits humains.

Cette boite à outils est avant tout un instrument en ligne qui permet aux femmes défenseures kenyanes de se familiariser avec les moyens et ressources disponibles pour améliorer leur sécurité et leur efficacité dans le cadre de leur travail. L’objectif est de fournir aux défenseures travaillant spécifiquement dans les zones urbaines de Nairobi, et à celles qui vivent dans des environnements similaires, des connaissances, des informations et des outils pertinents et utiles pour améliorer leur compréhension de la sécurité et de la protection. PBI Kenya a réuni chaque mois 15 défenseur.e.s des droits des femmes (12 femmes et 3 hommes) venant des bidonvilles de Nairobi, pour développer des stratégies collectives afin de réclamer leurs droits, assurer leur sécurité, développer des réseaux de soutien et plaider pour une prise en charge des multiples risques auxquels ils et elles font face.
Afin de pouvoir sensibiliser les citoyen.ne.s, les élu.e.s et les institutions qui travaillent sur ces questions, PBI France organise une tournée pour relayer le témoignage de Kate Wangui, défenseure des droits kényane, de lui ouvrir les portes des réseaux de solidarité internationaux et de faire connaître au public français la situation spécifique des femmes défenseures au Kenya ainsi que les nombreux obstacles et difficultés auxquels elles font face.

Kate Wangui : « Je suis une défenseure des droits humains, c’est ma passion. »

Issue d’un milieu très défavorisé, élevée dans un cadre familial difficile, Kate Wangui a grandi à Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, du Kenya et même d’Afrique orientale. Mariée avant d’être majeure et aujourd’hui mère célibataire, elle a grandi dans un contexte de violences endémiques, de tensions ethniques et de grande pauvreté. Après avoir été elle-même victime d’injustices et sa famille de violences aggravées, elle a su transformer sa colère et son sentiment d’impuissance pour devenir une défenseure des droits humains. En 2012, Kate a suivi une formation appelée «Kenya tunauwezo» qui portait sur la paix et la gestion des conflits. Huit ans plus tard, elle est une militante active des droits des femmes, et un membre engagé de la boite à outils pour femmes défenseures des droits humains initiée par PBI.
C’est pour parler de ses combats, mais aussi de sa résilience et des solutions développées à Kibera que Kate Wangui sera à Paris.

Théo Locherer