Pour la première fois, du 22 au 25 mai 2018, PBI France a eu le plaisir d’accueillir un défenseur de la justice sociale kenyan, Francis Sakwa, partenaire de PBI Kenya depuis 2013. Loin de l’insécurité à laquelle il était confronté dans le contexte post-électoral kenyan, il profitait de trois mois de « répit » à Groningue au pays-Bas dans le cadre du programme « Shelter City » (ville refuge) et a fait un détour par Paris.

Collecter des informations sur les violences policières perpétrées dans les bidonvilles de Nairobi, notamment dans le contexte électoral, récupérer des preuves pour porter les cas devant la justice et organiser des manifestations pacifiques, voici le travail que Francis Sakwa effectue quotidiennement au Kenya. Mi-activiste, mi-avocat de terrain, il occupe une place importante au sein de l’organisation Bunge la Mwananchi, le Parlement du peuple.

Depuis les élections présidentielles d’août contestées par l’opposition et annulées par la Cour suprême, puis celles d’octobre 2017 donnant 98,26% des voix au président sortant Uhuru Kenyatta, la population kényane subit de graves violations des droits humains. Selon le témoignage de Francis Sakwa, les policiers, qui agissent bien souvent en civil afin d’occulter leur responsabilité, font systématiquement usage d’une force excessive contre les manifestant.e.s, opposant.e.s, militant.e.s et membres d’organisations des droits humains.

Si la fameuse poignée de main du 9 mars entre le Président et son principal opposant Raila Odinga en vue de « construire les ponts d’une nouvelle nation » a semblé apaiser les tensions, elle a fortement divisé, affaibli l’opposition et perpétué la répression. Le 16 mai 2018, une loi sur la cybercriminalité visant à prévenir la propagation de « fake news » a été promulguée. Bien que 26 articles de cette loi aient été suspendus par la suite par la Cour suprême, elle reste une source d’inquiétude pour Francis car elle facilite la criminalisation des militant.e.s qui, comme lui, utilisent les réseaux sociaux pour dénoncer les violences policières.

Tous les acteurs que Francis Sakwa a rencontrés à Paris se sont montrés très intéressés et à l’écoute de ses revendications, notamment Sacha Hegard, rédacteur pour le Kenya au sein du Ministère des Affaires étrangères français, Valentine Sébile, assistante du Rapporteur spécial des Nations-Unies sur la situation des défenseur.e.s des droits de l’Homme, et Anne Souléliac, responsable « droits humains » du Barreau de Paris. Nous nous réjouissons particulièrement des nouveaux liens créés avec la Mairie de Paris et notamment avec Thomas Fasten et Pauline Lavillenie du pôle Relations Internationales ; et remercions Non-Violence XXI qui soutient PBI Kenya depuis de nombreuses années.

Au-delà des rendez-vous de plaidoyer, Francis Sakwa a pu échanger avec des militant.e.s et membres d’organisations engagé.e.s en faveur de la justice sociale en France et en Afrique. Lors d’une conférence sur « La défense des droits humains face aux violences policières : regards croisés entre la France et le Kenya » que nous avons organisée en partenariat avec l’Amicale des Etudiants Caribéens Africains et Sympathisants (AMECAS) le 24 mai. Francis y est intervenu aux côtés d’Assa Traoré et Almamy Kanouté du Comité « La vérité pour Adama ».

Cette tournée a donc été autant une grande première qu’une grande réussite ! Continuons donc sur cette voie-là et poursuivons notre travail sur le Kenya en France ! Un grand merci à toutes les personnes impliquées et surtout à Francis Sakwa pour avoir partagé avec nous sa persévérance et son optimisme.