Lorsque l’on parle de la situation des droits humains au Mexique en 2014, la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa vient tout de suite en tête, cas emblématique de la violence, de la corruption et de l’impunité endémique qui règne au Mexique.
Au-delà de l’élan de mobilisation et de solidarité qui est né dans le pays et dans le monde autour des 43 étudiants disparus, l’équipe de PBI a constaté sur place la fatigue et le stress des défenseur.e.s des droits humains générés par ce contexte constant de violence, de criminalisation et d’impunité. L’ONG Accudeh estime que le nombre d’agressions contre les défenseurs a doublé au Mexique entre janvier 2011 et mai 2014, alors que plus de 95% des violations contre les personnes défenseures restent impunies dans le pays, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme.
L’évaluation externe dont PBI Mexique a fait l’objet en 2014 a conclu que « la grande diversité de ses activités a permis à PBI d’augmenter son impact et d’avoir une plus grande influence », confirmant ainsi l’efficacité de la stratégie d’expansion des activités de l’équipe mexicaine (plaidoyer, communication, formation, etc). Cette évaluation a également évoqué les futurs chantiers de PBI pour l’avenir, à savoir la nécessité d’augmenter sa capacité à répondre avec une plus grande souplesse aux besoins des défenseurs et de renforcer ses équipes terrain.
Le rapport annuel 2014 revient en détail sur les activités du projet de PBI au Mexique : une centaine d’accompagnements, plus de 200 rencontres avec les autorités locales et nationales et 70 publications - dont une publication spéciale sur la stratégie de sécurité mexicaine et son impact sur les droits humains - ont été réalisés. Ce rapport permet de se rendre compte grâce aux témoignages des défenseur.e.s de l’impact concret de PBI dans leur quotidien. Ainsi, dans le Nord, tous les défenseurs ont constaté une nette amélioration de leur sécurité depuis que l’accompagnement de PBI a débuté il y a un an. L’activité de plaidoyer et les tournées mondiales organisées par PBI ont donné une exposition et visibilité mondiale très précieuses localement aux organisations accompagnées. DCHR est ainsi désormais reconnue par le Comité de l’ONU sur les disparitions. Codigo-DH a pu rencontrer nombre d’acteurs clefs lors de sa tournée européenne en 2014 alors qu’elle venait de subir une intensification des agressions à son égard. On peut enfin noter qu’en 2014, le travail de formation de PBI sur la sécurité a bénéficié d’un vrai effet multiplicateur dans le Oaxaca notamment, puisque les défenseurs ont ensuite relayé ces informations auprès de la société civile locale et de leurs bénéficiaires.
PBI reste très actif sur le front du plaidoyer international, à l’image du séminaire organisé en avril 2015 auquel PBI a participé, au côté de diverses organisations de la société civile mexicaine et européenne. Ce séminaire a permis d’aborder les problèmes d’impunité et de corruption au Mexique, les droits des migrants, la sécurité des défenseurs des droits humains et la responsabilité sociale des entreprises dans le domaine des droits humains. Les conclusions de ce séminaire ont ensuite été présentées lors de la discussion bilatérale de haut niveau sur les droits humains entre l’Union européenne et le Mexique.
PBI a cosigné fin avril un communiqué alertant sur les dysfonctionnements très préoccupants du mécanisme de protection des défenseurs des droits de l’homme. En effet, son directeur a démissionné en février dernier et le processus de remplacement est particulièrement long. Les mêmes défaillances qu’il y a un an sont soulignées par PBI: moyens insuffisants, rythme trop lent de mise en œuvre, impunité et manque de transparence. Alors que ce mécanisme de protection est laissé sans direction, les défenseurs se trouvent toujours dans une situation de risque, rendant le travail d’accompagnement de PBI toujours aussi crucial dans le contexte particulièrement violent que connaît le Mexique aujourd’hui.