A quelques jours de son départ, PBI France s’est entretenu avec Pauline Sfez, future volontaire française de PBI en Colombie.
Comment as-tu connu PBI ?
J’ai commencé à m’intéresser à l’accompagnement international avec le Collectif Guatemala. J’ai eu l’occasion d’assister à un week-end de formation de PBI l’année dernière qui m’a beaucoup plu. Alors que jusqu’ici, je percevais l’accompagnement international comme un travail essentiellement engagé, une manière d’intervenir dans un contexte politique, cela m’a permis de resituer l’accompagnement international dans le cadre de la doctrine de la non-violence, celle-ci n’étant pas seulement une valeur, mais aussi une méthode de résolution de conflit.
J’ai été accompagnatrice pendant 6 mois avec PROAH (Projet d’Accompagnement international au Honduras), une organisation qui travaille avec les défenseurs des droits humains honduriens depuis quatre ans. Même si les conditions de travail sont différentes de celles de PBI, cette expérience m’a confirmé que j’aime énormément ce travail. Je suis contente d’avoir eu une première expérience de 6 mois avant de me lancer pour 18 mois en Colombie : c’était un premier galop d’essai !
Pourquoi avoir choisi la Colombie ?
Je pense que j’aurais aimé partir dans n’importe quel pays d’Amérique latine, mais la Colombie est le pays dont je connais le mieux le contexte : j’y ai voyagé et durant mon master à l’Institut des Hautes Etudes d’Amérique latine, on a souvent eu l’occasion d’étudier l’histoire politique de la Colombie. J’ai pensé qu’en ayant davantage de repères théoriques, ce serait plus facile de m’adapter. Il sera je pense très intéressant de remettre en perspective ce que je sais du pays, contrairement au Honduras que je ne connaissais quasiment pas avant d’y aller.
Maintenant que j’ai cette expérience hondurienne, je vais pouvoir confronter la situation de ces deux pays, les comparer, car la situation se ressemble beaucoup, même si chaque pays garde ses spécificités. Il me semble que les nouveaux conflits qui sont en train de se développer en Colombie - alors que se déroulent les négociations de paix de La Havane pour mettre fin à un conflit vieux de 50 ans - coïncident de plus en plus avec les conflits d’Amérique centrale : développement de groupes criminels, privatisation des terres au profit de multinationales etc.
As-tu une idée précise de ce qui t’attend en Colombie ? As-tu des craintes concernant le contexte sécuritaire ?
Dans une certaine mesure oui, le travail ne m’est pas inconnu, je n’ai pas peur d’être complètement prise de court. Cela dit, je veux éviter de penser que je sais déjà ce qui m’attend, puisque mille choses m’échappent du contexte particulièrement complexe de la Colombie.
L’aspect plaidoyer du travail de PBI m’intéresse particulièrement, je suis pressée de m’y confronter. Le travail de terrain de PBI auprès des défenseurs est essentiel, mais j’ai hâte de voir la manière dont s’organisent les « maillons » de la chaîne PBI, de l’accompagnement physique à la rencontre avec les autorités, du travail d’observation à la manière dont peuvent remonter les informations collectées sur le terrain. Avant, je ne voyais pas l’utilité des actions de plaidoyer, il me semblait qu’on ne serait de toute façon pas écouté, mais en fait ce travail me parait de plus en plus évident. J’ai toujours peur de la langue de bois lors des rendez-vous avec les ambassadeurs, mais je suis contente de me confronter à cet exercice.
Concernant le contexte sécuritaire, je ne suis pas trop inquiète, j’imagine que ce sera moins difficile que le Honduras. C’est toujours un peu difficile de se faire au protocole de sécurité que PBI doit mettre en place car cela instaure un rapport étrange au monde extérieur, nous devons par exemple être attentifs quand nous parlons à quelqu’un d’inconnu. On est obligé d’envisager le pire pour être préparé, et cela peut être pesant, nous ne sommes pas habitués à cela dans nos pays en paix.
As-tu une idée de ce que tu voudrais faire à ton retour ?
Le travail d’accompagnement international est assez addictif, mais comme je ne suis jamais partie aussi longtemps, peut-être que je serai fatiguée de ce travail après 1 an et demi. Ce qui est certain, c’est qu’une fois qu’on est entré dans ce milieu, il est difficile d’en sortir. Je pense donc qu’à priori je continuerai à travailler dans cette sphère : ce travail ouvre beaucoup de perspectives de compréhension du contexte latino-américain !