Des habitants des communautés de San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, situées à 40 kilomètres de la capitale, occupaient pacifiquement, depuis mars 2012, l’entrée de la mine d’or El Tambor et en bloquaient ainsi l’accès. Le 23 mai 2014, les manifestants ont été violemment expulsés par les forces de la Police civile nationale (PNC).
Cette éviction a eu lieu trois jours avant une réunion de haut niveau qui devait rassembler des intégrants des communautés et des représentants d’institutions publiques. Selon les dires des communautaires, cette réunion a été annulée car les représentants de l’Etat ont refusé qu’une organisation tierce observatrice puisse assister à la réunion.
Gaz lacrymogène et coups de bâtons
Dans la matinée du 23 mai, des machines d’exploitation minière ont commencé à arriver progressivement sur les lieux, accompagnées par 35 véhicules policiers et 500 agents armés. L’expulsion brutale à eu lieu de 14h à 15h30.
PBI, qui était sur place, a observé un usage disproportionné de la force par la police: gaz lacrymogènes, coups de bâton, jets de pierre contre les hommes et les femmes qui étaient sur place et chantaient en signe de protestation. Selon l’Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains au Guatemala (UDEFEGUA), 23 personnes ont été blessées dont une grièvement.
Tentative d’assassinat et procès à la pelle
PBI a accompagné le mouvement pacifique dès ses débuts en 2012. Depuis, plusieurs intégrants de la Puya ont été intimidés. Une des leaders du groupe, Yoland Oquelí, a été victime d’une tentative d’assassinat en juin 2012. Jusqu’à ce jour, aucun de ces faits n’a été clarifié.
Comme plusieurs autres communautés en résistance au Guatemala, le mouvement de la Puya rappelle l’État a ses responsabilités. La Communauté affirme ne pas avoir été, à aucun moment, ni informée ni consultée sur le projet d’extraction. L’Etude d’impact du projet de mine demandé au gouvernement a révélé, selon des experts internationaux, des lacunes graves. Notamment des conséquences graves probables des activités minières sur les réserves d’eau souterraines de la région. C’est dans ce contexte que les communautés de la Puya ont décidé d’entrer en résistance pacifique et de bloquer le début des opérations d’extraction.
Criminalisation de la résistance
Huit membres de la résistance font actuellement face à des poursuites pénales basées sur des allégations de coercition, détention de personnes et menaces. Trois d’entre eux/elles ont été condamné-e-s, en avril 2014, à 9 ans de prison. Plusieurs organisations ont sérieusement questionné la régularité de ces procédures et le principe d’indépendance de la justice. Les cinq autres personnes ont eu une première audience le 27 mai 2014. La procédure contre Yolanda Oquelí, qui fait partie de ces cinq personnes, a été rejetée pour manque de preuves.
Dans les communautés de San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, une atmosphère de frustration et de tension vive règne depuis l’expulsion violente du 23 mai.
Développements préoccupants
PBI est préoccupée par cette expulsion violente et par les procédures judiciaires engagées contre les membres de la résistance pacifique de la Puya. L’organisation internationale considère que la situation des droits humains en général au Guatemala s’est fortement dégradée ces dernières années.