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Carlos Choc à Paris : La Voix d’un Journaliste en Lutte pour la Justice Environnementale

Carlos Choc, journaliste guatémaltèque, défenseur des droits humains et fervent écologiste, était  de passage à Paris à l’invitation de Peace Brigades International (PBI). Ce séjour fut l’occasion de mettre en lumière les luttes qu’il mène depuis des années contre la corruption, les abus des multinationales minières et les injustices environnementales. Son témoignage permet de sensibiliser un large public aux défis auxquels sont confrontées les communautés locales au Guatemala.


Une arrivée marquée par le combat et la résilience

À Paris, Carlos Choc a participé à des échanges avec des militants, des étudiants et des défenseurs des droits humains, partageant son expérience de journaliste dans un contexte de répression. S’il avoue que parler de son parcours reste douloureux, il reconnaît que ces moments sont essentiels pour amplifier les luttes qu’il porte.

Carlos est revenu sur l’un des événements déclencheurs de son engagement : en 2017, le lac de son village s’est teinté de rouge après le début de l’exploitation minière à ciel ouvert par une entreprise aux intérêts suisses et russes. Ce phénomène, ignoré par la plupart des médias, l’a poussé à mener une enquête approfondie sur les causes de cette pollution.Pendant cinq ans, il a collecté des preuves, réalisé des analyses d’échantillons et publié des travaux révélant des concentrations élevées de métaux toxiques comme le nickel, le vanadium et le chrome. Ces investigations ont culminé avec la publication du rapport Mining Secrets en 2022, en collaboration avec Forbidden Stories.

Des pressions et menaces constantes

Le prix de cet engagement est lourd. Carlos a subi des pressions répétées : deux intrusions à son domicile, des confiscations de matériel par la police et une longue période de clandestinité d’un an et cinq mois. Pourtant, il n’a jamais renoncé. « Ce sont mes ancêtres qui me donnent la force de continuer », explique-t-il. Se revendiquant de l’héritage maya, il puise son énergie dans la spiritualité et la philosophie de son peuple. Il se souvient notamment d’un moment marquant : « Un jour, un oiseau est entré dans ma maison et s’est posé sur ma main. J’y ai vu un signe de soutien, une promesse que je n’étais pas seul. »


La lutte contre un système corrompu

Carlos dénonce un système étatique gangrené par la corruption, où l’oligarchie locale et les multinationales exploitent les ressources au mépris des populations. Selon lui, les grandes universités du pays sont elles-mêmes compromises, n’hésitant pas à diffuser de fausses études accusant les communautés locales d’être responsables de la pollution. La situation ne s’améliore guère avec l’actuel président guatémaltèque, qui, bien que non issu de l’oligarchie dominante, ne parvient pas à avancer sur les réformes nécessaires, notamment en matière de lutte contre la corruption.

Une mobilisation collective essentielle

Lors de son séjour à Paris, Carlos a également insisté sur l’importance d’une coordination entre les journalistes indépendants, les activistes, les défenseurs des droits humains et les juristes. « Le journalisme communautaire est crucial. Il faut donner une voix aux populations directement touchées par ces injustices », affirme-t-il. Des projets comme Green Blood, auxquels il contribue, permettent de documenter des luttes similaires en Tanzanie, en Inde et en Amérique latine. « Il est vital de déconstruire les récits mainstream qui criminalisent les défenseurs, en les qualifiant de terroristes ou d’obstacles au développement. »