Interview avec une défenseur∙e des droits humains

 

Bonjour à toutes et tous,

Je viens de la République du Guatemala et je suis membre d’une résistance pacifique contre un projet minier.

Nous sommes en résistance contre ce projet minier depuis 2011. Aujourd’hui, le projet a été suspendu, car l’entreprise a demandé une aide financière au gouvernement.

 

Pourquoi avez-vous pris cet engagement ?

Ce qui m’inquiète le plus c’est la pollution que ça va engendrer et notamment les impacts sur l’eau.

 

Comment vous mobilisez-vous contre ce projet ?

Nous avons mobilisé des personnes pour bloquer pacifiquement l’accès au chantier, en installant des barrages. Nous sommes présent∙e∙s sur place pour vérifier que les travailleur.euse.s ne viennent pas et n’accèdent pas au chantier.

 

Pourquoi ce choix de la non-violence pour votre résistance ?

Dès le début, nous avons fait la promesse de ne jamais utiliser de la violence, car la violence génère souvent plus de problèmes et nous empêche de progresser dans nos combats.

 

A quels types de violence faites-vous face ?

Nous faisons face à des violences physiques et psychologiques. La police est venue nous donner des coups et nous attaquer.
Psychologiquement, il y a eu un impact fort sur la communauté : il y a moins de confiance entre les habitant∙e∙s, et notre communauté est plus fragmentée qu’auparavant.

 

Depuis quand travaillez-vous avec PBI Guatemala ?

Depuis 2012.

 

Comment mesurez-vous le soutien de PBI Guatemala ?

Leur accompagnement nous a permis d’avoir une présence dans la ville, d’être plus visible.

 

Combien êtes-vous à vous mobiliser ?

Ponctuellement, sur des événements importants, nous parvenons à mobiliser d’autres communautés. Mais nous sommes environ 50 personnes dans le noyau dur, même si la pandémie a causé beaucoup de décès dans nos rangs.

 

Les jeunes se sentent-iels concerné∙e∙s ?
Les membres sont plutôt âgés – les jeunes sont occupé∙e∙s avec d’autres choses, surtout les études ou le travail.

 

Cela fait 10 ans que vous êtes en résistance, est-ce que vous avez pu constater une évolution dans votre combat ?

Le projet n’a pas changé depuis 10 ans. On attend surtout que commence la procédure pour le processus légal qui doit arbitrer sur le bien-fondé du projet.

 

Combien de temps vous consacrez à cette lutte ?

Une journée pleine par semaine.

 

Est-ce important pour vous de parler de votre combat à des jeunes français.

Oui, c’est très important de parler avec des jeunes loin du Guatemala. Ça m’encourage de savoir qu’il y a des jeunes autour du monde qui s’inquiètent de l’état de l’environnement.

 

Mobilisez-vous des personnalités politiques dans cette lutte ?

Non, nous ne voulons surtout pas politiser la lutte.

 

Auriez-vous un message à faire passer aux jeunes de notre pays ?

D’où que nous soyons, il faut continuer à nous inquiéter et à prendre soin de notre planète, car c’est la seule que nous ayons, et c’est la maison que nous partageons. Il faut continuer à prendre soin de l’eau et de l’environnement.

Il faut essayer de faire comprendre aux politiques que les projets miniers ne sont pas du développement durable. C’est un mensonge que de dire cela. Il y a des manières plus efficaces et durables pour développer les choses.