Marine Malberg est conseillère d’arrondissement en charge des questions internationales pour la Mairie du 11ème arrondissement de Paris. Elle est aussi engagée en faveur des droits des migrants et des droits des femmes. Elle soutient le travail de PBI France depuis plusieurs mois et nous explique ses motivations.

- Vous suivez et soutenez le travail de défense des droits humains de PBI France. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?

J’ai découvert PBI grâce à mon amie volontaire Laetitia Sushecki. Elle m’a fait part de son travail, des projets et des actions concrètes de PBI. Le positionnement et l’engagement militant de PBI m’ont plu et je m’y suis retrouvée. Face à la multiplication de nouveaux types de conflits intra-étatiques qui provoquent des déplacements massifs de populations et à la légitimation de pratiques qui nient les droits humains, je pense que le travail de PBI est plus que jamais nécessaire. Les peuples ont besoin d’apprendre à se connaître, à se respecter et à agir ensemble pour mettre un terme aux conflits économiques, politiques et militaires auxquels ils font face. Et particulièrement aujourd’hui, à l’heure où les grandes firmes internationales s’insèrent plus que jamais dans la politique des pays pour leurs propres intérêts économiques et stratégiques. Il y a un laisser-faire international qui permet à ces multinationales de créer des conflits pour s’accaparer les richesses produites et exploiter toujours plus les femmes et les hommes.

Les principes d’impartialité et de non-ingérence de PBI me semblent fondamentaux. Ne pas vouloir imposer un soi-disant schéma type qui permettrait de résoudre n’importe quel conflit est primordial. PBI n'intervient qu’à la demande des associations de défense des droits humains et apporte son expérience pour permettre aux acteurs locaux de s’approprier des outils de résolution non-violente des conflits. Chaque peuple dispose de ses propres pratiques, de sa propre histoire. La meilleure manière de l’accompagner et de l’aider est de respecter ses demandes. L’histoire n’a eu de cesse de le démontrer : à chaque fois qu’il y a eu une ingérence extérieure dans la construction d’un processus de paix, celui-ci a toujours échoué. Des cas récents comme l’Afghanistan, l’Irak ou la Somalie le démontrent.

- En quoi le soutien apporté à PBI-France s’inscrit-il dans le cadre de votre mandat ?

L’action de PBI est pertinente car pour construire une nouvelle politique internationale et de coopération entre les peuples, il est nécessaire que celle-ci soit basée sur la connaissance mutuelle de chaque culture. A l’heure de la multiplication des interventions armées au nom de la lutte contre le terrorisme, il y a urgence à travailler à construire un monde de paix et de solidarité. Etre élue est pour moi un engagement militant destiné à promouvoir un autre type de société. Face à la montée des intégrismes en France, il est important de faire de la multiculturalité une richesse.

- PBI-France, Non-Violence XXI et la Mairie du XIème arrondissement de Paris ont organisé une conférence sur l’intervention civile de paix le 2 mai dernier, en partie grâce à votre implication. En quoi l’intervention civile de paix vous semble-t-elle un moyen d’action pertinent ?

La Paix se construit et donc s’apprend. L’action de PBI concernant l’intervention civile de paix est essentielle. Comment les nouvelles générations peuvent-elles apprendre leurs droits et la nécessité de les défendre pour les sauvegarder et en acquérir de nouveaux si personne ne leur donnes les outils nécessaires à l’analyse et à la mise en place d’action ? L’impact spécifique de PBI est de protéger des femmes et des hommes pour qu’ils puissent continuer à user de leur voix pour témoigner des atteintes portées contre les droits humains. Grâce à leur témoignage, la voix se partage. Cela permet de limiter concrètement les exactions, et d’aider à les reconnaître. Protéger des femmes et des hommes qui ont fait le choix de dédier leur vie à la défense des droits humains, et par conséquent à l’intérêt collectif, c’est un très bel engagement.

- Dans le cadre de sa visite à Paris, vous avez rencontré le défenseur kenyan Francis Sakwa et organisé une rencontre entre ce dernier et un membre du pôle Relations Internationales de la Mairie de Paris. Que retenez-vous de votre rencontre avec Francis Sakwa?

Ce qui m’a marqué chez Francis, c’est sa joie de vivre et son sourire. Malgré les difficultés et les dangers qu’il encoure, il continue son combat pour la défense des droits humains et la mise en place d’une véritable démocratie dans son pays, dans laquelle chacune et chacun bénéficiera des mêmes droits. Les tournées de défenseur.e.s permettent de transmettre des témoignages de situations vécues qui sont occultées par les médias français. Elles aident également à construire une meilleure connaissance commune des enjeux et des difficultés rencontrées sur le terrain par les défenseur.e.s des droits humains.

Entretien réalisé par Béatrice Cosentino